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Une oeuvre à découvrir

Croix processionnelle éthiopienne, XX siècle

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Peut-être la croix est-elle, dans l’absolu, l’expression la plus achevée de la créativité artistique éthiopienne. Depuis le début de l’évangélisation du pays, au IVe siècle et tout au long de l’histoire tourmentée de l’Ethiopie, la production de croix n’a jamais connu d’interruption. Bien peu des premières croix connues peuvent être datée de manière irréfutable d’avant le XIIe siècle ; la plupart ont été réalisées entre le XIIIe et le début du XVIe siècle. Au cours du temps, les formes ont beaucoup changé, de même que la technique de production, les matériaux employés et même les détails de la décoration.

Les matériaux utilisés dans la fabrication des croix sont le critère fondamental ; il a permis de reconnaître deux phases de développement successives. En effet le fer, le bronze et le cuivre rouge pur ont été employés jusqu’au milieu du XVe siècle. Par la suite, le bronze est complètement tombé en désuétude et, dans une certaine mesure, le cuivre rouge aussi ; ils ont été remplacés par le cuivre jaune. Le bois a toujours été employé, mais sa fragilité rend les datations difficiles. Les croix en bois les plus anciennes qui nous soient parvenues datent du XVe siècle. La caractéristique principale de toutes ces œuvres est l’extrême fantaisie de leur dessin. L’effet d’ensemble provient du contraste créé entre le matériau employé et le vide sur lequel il se détache. Pendant des centaines d’années, ces croix été réalisées selon la technique de la fonte à cire perdue, alors que les croix en fer ont été travaillées sur l’enclume.

Avec l’ouverture du canal de Suez, en 1869, les importations massives de thalers de Marie-Thérèse dans la région de la mer Rouge ont influencé le travail des croix. Les Anglais avaient déjà introduit de grosses quantités de pièces à l’époque de l’expédition d’Abyssinie dans les années 1867-1868. En deux circonstances, l’empereur Ménélik II (1889-1913) a reçu des quantités de pièces encore plus importantes de la part des Italiens. Beaucoup de pièces d’argent ont encore été importées au XXe siècle et un très grand nombre d’entre elles ont été utilisées dans la production de croix processionnelles, de croix portables et, parfois, de petits médaillons en forme de croix à porter au cou.

La chrétienté éthiopienne partage avec les coptes d’Egypte et les chrétiens de Nubie une foi inconditionnelle dans les vertus protectrices et dans les bienfaits de la croix. Les vies des saints éthiopiens racontent de très nombreuses guérisons miraculeuses. En montrant la croix, on fait aussi fuir les démons et les sauterelles. La croix est utilisée plusieurs fois par an, à l’occasion de fêtes particulières dont la principale tombe au mois de septembre, à la fin de la saison des pluies.


- "Croix processionnelle éthiopienne", 2006 © Musée Paul Delouvrier

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